Cinétractez !

CINÉTRACTEZ !

QU’EST-CE QU’UN CINÉTRACT ?

C’est 2’44 (soit une bobine 16 mm de 30 m à 24 images/seconde) de film muet à thème politique, social ou autre, destiné à susciter la discussion et l’action.

ESSAYONS D’EXPRIMER PAR CINÉTRACTS NOS PENSÉES ET NOS RÉACTIONS !

POURQUOI ?

Pour : CONTESTER – PROPOSER – CHOQUER – INFORMER – INTERROGER – AFFIRMER – CONVAINCRE – PENSER – CRIER – RIRE – DÉNONCER – CULTIVER

AVEC QUOI ?

– Un mur, une caméra, une lampe éclairant le mur.
– Des documents, photos, journaux, dessins, affiches, livres, etc., un crayon feutre, du scotch, de la colle, un mètre souple, un chronomètre.
– Des idées.

COMMENT ?

L’ordre des documents à filmer (et leur durée) est primordial. Il faut donc faire un petit scénario ou plan de travail.

Partir d’une idée simple, la décomposer en images, selon le matériel disponible, en sachant à la fois dépasser « le premier jet » et renoncer (à l’effet trop ambitieux. Réduire le texte (de beaux cartons bien lisibles comme au temps du cinéma muet) à l’essentiel : le plus concis, le plus clair, le plus frappant.

Avant le tournage, faire un essai, chronomètre en main, pour décider de la durée de chaque plan à filmer. Pour les textes c’est simple, c’est le temps de « lecture lente ». Pour les images, il faut « sentir » le rythme : selon l’impact propre de l’image, son rapport plastique avec ce qui la précède et qui la suit, le rôle qu’on lui attribue (information – commentaire – ponctuation – vibration). La suite des images est un discours lié tantôt de très près, tantôt de très loin, au discours décrit. C’est de la variété et du jeu de ces discours qu’est fait le choc et l’efficacité possible du cinétract.

Utiliser si possible le zoom, non pour l’« effet de zoom » (à réserver aux très rares moments où il est indispensable), mais pour gagner du temps en faisant des cadrages très précis (gros plans sur documents, détails de documents…) sans bouger la caméra.

Tourner (en image par image si le modèle de la caméra le permet, autrement en contrôlant le chronomètre) le cinétract en continuité, dans l’ordre de projection et sans « blancs » intermédiaires. Normalement, le cinétract doit être utilisé sans montage. Il doit être PRÊT À ÊTRE UTILISÉ DÈS SA SORTIE DU LABORATOIRE.

IMPORTANT

– Chaque cinétract porte un numéro affecté par nous dès réception de la demande. Il convient donc que le premier plan soit un carton indiquant un numéro. « CINÉTRACT 055 » par exemple.
– Utiliser de préférence la pellicule négative XX.
– Le montage devant être aboli, on a préféré jusqu’ici la technique de filmage des photos ou documents fixes, qui permet une plus grande sûreté d’exécution. On peut cependant imaginer l’utilisation de scènes animées, en gardant à l’esprit la nécessité d’un négatif « prêt à être utilisé dès sa sortie du laboratoire ». Autrement dit, si on s’aperçoit d’une erreur de tournage, il faut tout recommencer, dans l’ordre, sur une autre bobine, jusqu’à un tournage impeccable. Bonne école au demeurant : c’est comme le direct à la TV.
– Avant de retirer la pellicule de la caméra, préparer l’étiquette de la bobine « à développer ».
– Nous envoyer la pellicule, de préférence accompagnée d’un résumé du cinétract.
– Le développement et le tirage des copies sont assurés par nous.
– Les auteurs de cinétracts s’accordent à considérer ce travail comme une activité de cinéastes amateurs, sans but lucratif. Les aides financières éventuelles ne serviront qu’à fabriquer encore davantage de cinétracts.

Collection Danielle Jaeggi


Publiée dans La Revue Documentaires n°22-23 – Mai 68. Tactiques politiques et esthétiques du documentaire (page 129, 1er trimestre 2010)
Disponible sur Cairn.info (https://doi.org/10.3917/docu.022.0129, accès libre)