Michael Hoare
Au centre de ce numéro 2 de Documentaires est le débat sur le rapport des documentaristes à leur temps.
Deux faits, certes d’ordre historique différent, imposent cette réflexion.
D’une part, la Guerre du Golfe a définitivement prouvé, avec le déferlant d’images creuses dont elle nous assomme, que le contrôle de l’image constitue désormais une pièce maîtresse dans la stratégie de la « guerre totale. »
D’autre part, la publication des actes des États Généraux du Documentaire de Lussas est un révélateur de la teneur des débats sur le documentaire en France aujourd’hui. Or son contenu montre que le « documentaire de création », à force de tendre vers l’hégémonie des principaux financeurs et producteurs, pour les décisions et dans l’absence de toute politique de documentaire des télévisions généralistes, induit des effets pervers, des « renoncements » face au monde, chez les documentaristes. Les réflexions théoriques de ces « Carnets » en sont une parfaite expression.
D’où l’esprit de ce numéro : une volonté de corriger le tir. Car si le documentaire est forcément œuvre de création, il est aussi un genre qui place l’artiste face au monde, qui en fait le témoin et l’interlocuteur.
Nous ouvrons ainsi un débat qui va certainement trouver de multiples formes d’expression à l’avenir.
Quant au reste, nous continuons notre œuvre de donner voix aux différentes formes et informations intéressant les passionnés du documentaire.
Ce numéro, déjà un progrès, nous l’espérons, sur le numéro 1, sera largement dépassé en qualité et en taille par nos prochains numéros qui auront au menu : le bilan du « Réel », des rencontres avec Claude Weisz, Rithy Panh, des producteurs en région, et bien autre chose.
À vos plumes donc, et n’oubliez pas de « formaliser » votre abonnement.
Publiée dans Documentaires n°2 (page 4, Mars-avril 1991)