À propos de The Funny Face of Broadreay
Rémy Batteault
L’idée
J’adore les comédies musicales. Je m’étais promis de découvrir Broadway le jour où Victor Victoria serait à l’affiche. Je me suis tenu cette promesse. L’idée du documentaire est née de ce voyage à New York. Si tout le monde connaît le mot « Broadway », finalement peu de Français connaissent la réalité du milieu du « musical » américain. Il m’a semblé important d’en faire un film. Comme il me fut impossible, pour des raisons de droits avec les impitoyables syndicats américains, d’obtenir des extraits du show, j’ai eu l’envie de faire de ce documentaire une vraie comédie musicale avec un commentaire chanté.
La production
IO production, au contraire de nombre de ses confrères, possède une vraie qualité : l’écoute. Les projets sont lus (rapidement !) et discutés sans a priori. Le projet s’annonçait trop cher pour lo, ils m’ont conseillé d’aller voir ailleurs. La course d’obstacles commence, on se prend à remercier très chaleureusement les productions qui « daignent » donner une réponse, fût-elle négative (alors que c’est pourtant la moindre des politesses de répondre à une demande, lorsque l’on exerce le métier de producteur !). Je m’entends dire par des gens fort responsables : « vous n’êtes personne, vous n’y arriverez jamais, la comédie musicale, c’est pour les ringards, réécrivez votre dossier ». Est-ce que la mentalité américaine, contractée lors de mes recherches, a déteint sur moi ? « Just do it, show us, why not… », voilà bien des choses que l’on n’entend jamais en France. Rapidement, j’ai décidé de faire fi de tous ces commentaires déprimants et de me lancer dans l’aventure : mieux vaut un film fauché que pas de film du tout. Retour à IO, qui accepte de m’épauler.
Cheminement pour réaliser le film
Il est clair que la forme originale de mon film (une comédie musicale avec un commentaire intégralement chanté et accompagné de piano, basse et percussion) n’a pu qu’effrayer des diffuseurs classiques, traditionnellement frileux. Être coproduit par Canal Cholet, via IO production, fut une source de liberté : j’ai réellement pu faire le film que j’avais en tête sans aucune entrave. Ceci, de nos jours, est un privilège. Je ne veux pas dire que tout s’est passé dans une harmonie délicieuse. Le manque d’argent, sans être une difficulté insurmontable (la preuve, le film existe), m’a empêché de travailler plus précisément et plus longuement la partie musicale. Dans l’idéal, j’aurais aimé avoir un peu plus de temps pour l’enregistrement de la musique et des voix, pour parfaire divers éléments. Cette frustration a existé, mais on s’en remet. Je tiens également à remercier tous les partenaires et amis qui m’ont soutenu dans cette aventure.
Nécessité de maintenir cet espace de production ou pas ?
Lorsque l’on veut vivre de ce métier, ce type de production n’est pas la panacée. Pourtant, il offre un espace de liberté qu’il ne faut pas négliger. L’important reste de se poser les bonnes questions. Est-ce que je préfère réaliser mon film maintenant dans ce cadre particulier de production, ou est-ce que je préfère tenter ma chance auprès de producteurs et diffuseurs installés, quitte à ne plus avoir une entière maîtrise de mon travail et à devoir attendre des mois et des mois ? Pour moi, la réponse est un « oui » sans ambiguïté.
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The Funny Face of Broadway
1997 | France | 57’ | Vidéo Réalisation : Rémy Batteault
Publiée dans La Revue Documentaires n°15 – Filmer avec les chaînes locales (page 19, 2e trimestre 2000)
