Le documentaire en vidéo chez soi

Yves Billon

Bien que nos chaînes n’aient pas encore, pour la plupart d’entre elles senti le besoin d’ouvrir leur programmation aux documentaires de création, bien que le public, fatigué d’attendre les heures tardives, ou l’installation du câble, pour pouvoir recevoir les documentaires qu’il affectionne, n’ait pas encore le réflexe ou la coutume d’acheter des cassettes, les différentes études et les expériences montrent que le marché de la cassette, la vidéo chez soi, est destiné à un large essor et ceci principalement dans le domaine du non fictionnel. Il est paradoxal de constater que c’est chez TF1, qui ne diffuse plus que très peu de documentaires, que cet engouement du public pour ce genre s’est cristallisé dans la vente de cassettes.

Si vous avez encore quelques doutes, écoutez plutôt monsieur Maurice Leslond directeur de TF1 Vidéo, filiale chargée de l’édition et la diffusion de cassettes: créée en juin 1988, TF1 Vidéo a vendu : 350 000 cassettes en 1989, 650 000 cassettes en 1990 et pense atteindre le chiffre de 1 200 000 ou 1 500 000 en 1991. L’idée était de ne pas se laisser submerger par l’invasion prochaine dans ce domaine des grandes compagnies multinationales américaines, CIC, Columbia, etc.

TF1 vidéo possède déjà 300 titres, ses derniers grands succès sont: « Le Bébé est une personne », 450 000, « La Planète miracle » (une production de la NHK), plus de 100 000, ainsi que quelques expériences intéressantes : « Parole d’otage », 3500, et « 52 à la une », 3000.

Les idées fortes de TF sont de réaliser en vidéo une production de masse pour quelques titres, bien placés dans des grandes surfaces populaires, du genre Ushuaïa, une série mode d’emploi, genre comment vaincre le stress…

L’autre idée c’est de créer des produits spécifiques avec un habillage différent des émissions qui sont diffusées par les chaînes.

TF1 pense même produire des programmes spécifiques, financés principalement par la home vidéo. Les libraires pourraient devenir les promoteurs de ces cassettes. La vente par correspondance pourrait également jouer ce rôle important. Les difficultés, le responsable de TF1 Vidéo les trouvent principalement dans l’immobilisation financière que représente les achats de droits.

Sans plus attendre, la Bande a Lumière est sur le point de développer un label, Vidéo chez soi, avec une série de collection de documentaires. Une étude de marché est en chantier ainsi qu’un projet d’édition (contacter Claude Petitjean).

Je pense personnellement que notre chance c’est d’abord la certitude que le public est prêt à acheter et à collectionner des cassettes sur les sujets qui le passionnent, et qu’il a trop peu l’occasion de voir à la télévision. Nous avons notre place aux antipodes de TF1 vidéo, c’est à dire en réussissant à produire des cassettes en petites quantités, mais mieux suivies par un livret d’accompagnement. Cela permettrait de développer une collection plus large que celle de ceux qui prétendent ne faire que de la diffusion de masse.

Enfin, je crois qu’il est important de réclamer aux pouvoirs publics un guichet d’aide dont les fonds seraient prélevés sur la taxe issue des supports (copie-privée) et dont le but serait de permettre la production d’œuvres destinées à être diffusées sur le marché de la Home vidéo.

Rejoignez-nous dans cette ambition ou faites-nous part de vos suggestions.


Publiée dans Documentaires n°1 (page 7, Janvier 1991)