Présentation des rencontres
Michael Hoare
Cette retranscription est publiée ici en huit articles et un manifeste.
- Présentation de la rencontre
- Premier tour de table : Dans quel sens circule le désir ?
- Deuxième tour de table : Est-ce que « indépendant » veut dire « militant » ?
- Troisième tour de table : Documentaire d’auteur et télévision, deux logiques qui se séparent ?
- Quatrième tour de table : Fascisation, culture unique et la place du cinéma ?
- Cinquième tour de table : 800 000 ou plus, et 200 000 ou moins…
- Sixième tour de table : Au cœur de l’affaire, service public et État ?
- Septième tour de table : vers un manifeste qui parlera aussi des Assedic ?
- Manifeste : Le documentaire en douze points
Rencontre organisée par Périphérie, avec la participation d’Addoc, et du C7 (club de producteurs documentaires) le 23 novembre 1996 au Ciné 104, à Pantin, Seine-Saint-Denis.
Nous consacrons l’espace habituellement réservé aux « études de cas » à la publication pratiquement in extenso du débat organisé par Périphérie, avec la participation d’Addoc et du C7 en novembre dernier sur « l’indépendance » de la production documentaire. Il nous a semblé que ce débat était très significatif, d’abord par le nombre de gens qu’il a réuni, ensuite par la variété des questions abordées et qui reflètent bien l’inquiétude et la diversité des stratégies qui traversent la communauté documentaire aujourd’hui. Il est vrai aussi que de telles rencontres entre réalisateurs et producteurs avaient disparu depuis la fin de « La bande à Lumière », elle-même victime du fait que, chacun de leur côté, réalisateurs et producteurs ne trouvaient plus de motivation à se battre ensemble dans la période relativement faste ouverte par le développement de la SEPT, puis d’ARTE. Aujourd’hui, la situation s’assombrit de nouveau – on le voit bien dans certaines des interventions – et la remobilisation des énergies combinées en défense du pluralisme et de l’intelligence de la démarche documentaire est à l’ordre du jour. En publiant ces débats, nous y apportons notre contribution et signalons notre appui.
Claudine Bories : Cette initiative est proposée par trois instances actives dans le cinéma documentaire. Périphérie, puisque nous sommes les hôtes, est un Centre Régional de Création Cinématographique dirigé par Claudine Bories et Jean-Patrick Lebel. Ses activités sont de trois ordres : aide à la création et à la production documentaires, aide à la diffusion du cinéma documentaire, et action éducative autour de ce même cinéma. Il est soutenu par le Conseil Général de la Seine-Saint-Denis et reçoit des aides du CNC et de la Procirep.
Le deuxième lieu est Addoc, l’association des cinéastes documentaristes qui existe depuis quatre ans. Addoc est un lieu de rencontre entre cinéastes qui ont envie de mettre en commun leur réflexion, pour parler de leur métier, rompre leur isolement et réfléchir sur leur pratique. Dès le départ s’est manifesté le souci d’établir une relation avec des producteurs qui soit un peu plus approfondie que le rapport difficile qu’on a habituellement entre réalisateurs et producteurs.
Enfin le C7, le Club du 7 octobre, est un regroupement de certains des plus indépendants parmi les producteurs du documentaire en France. Ils se sont réunis en 93 à l’occasion de menaces qui pesaient sur ARTE. Le C7 ne veut être ni un syndicat, ni un lieu corporatiste, mais un endroit d’échange d’informations et de réflexions. Et, de leur côté, il y avait aussi un désir de se rapprocher des réalisateurs.
Avant de lancer le débat, je dirai que cette rencontre se situe dans un contexte particulier, marqué par deux dynamiques assez contradictoires. D’une part, il y a des informations qui viennent d’arriver sur l’année 1997 en particulier, et qui concernent les coupes drastiques prises au niveau du financement des chaînes publiques. Il est certain que cela va peser sur les œuvres fragiles, et en premier lieu sur le cinéma documentaire. Il y a une espèce de sentiment catastrophique dans l’air, le sentiment que c’était déjà dur avant, que ça va le devenir de plus en plus, et qu’il n’y a pas de perspective sinon de se résoudre à faire des commandes, ce qui est absolument le contraire de ce que souhaitent et les réalisateurs et les producteurs ici présents.
D’autre part, il y a une grande vitalité du cinéma documentaire. On a l’impression que dans le cinéma français, et c’est peut-être une spécificité du cinéma français, la volonté de se renouveler s’est perdue du côté de la fiction, et par le cinéma documentaire des formes nouvelles seraient en train de naître. Je crois qu’il ne faut pas perdre de vue cette vitalité et cette richesse, même pour parler de la situation économique difficile. Je passe la parole à Jean-Patrick Lebel qui va animer le débat.
Publiée dans La Revue Documentaires n°13 – La formation du regard (page 119, 1997)
