Tigre de papier : « Gulf Crisis TV Project»

Michelle Gales, Sandrine Simonnot

« Paper Tiger Television » et « Deep Dish Satellite Network » sont deux structures de médias alternatives aux États-Unis. Certaines de leurs productions ont pu être vues à Paris durant le « Festival Simone de Beauvoir » au Palais de Tokyo, et plus récemment au cours de la rétrospective « Passages » à Beaubourg.

Leur projet le plus récent a été de solliciter la collaboration de vidéastes à travers les États-Unis. Ceux-ci ont envoyé leurs images de manifestations, de défilés, de discours, et « teach-ins ». Ainsi ils ont aussi pu rendre compte d’une innovation récente, preuve d’activisme locale: des propositions dans les conseils municipaux de motions de censure de la politique gouvernementale face aux événements du Golfe.

Ces séquences sont montées en alternance avec des extraits d’interviews, courts et percutants, avec des spécialistes sur le Moyen Orient et sur le rôle du pétrole dans l’économie et la politique étrangère.

Quatre programmes ont été produits très rapidement avant et pendant le déroulement de la guerre et ont été diffusés sur PBS et ensuite sur Channel Four (Royaume-Uni). Ces films sont peut-être surprenants pour un public européen : les interviews et les interventions sont montées de manière très rapide et sont mises en relief par des séquences humoristiques dans le style propre à « Paper Tiger ».

Chacun des programmes aborde d’un thème différent : le premier explique le rapport entre l’industrie de l’énergie et les investissements militaires, le deuxième critique le rôle des médias, le troisième parle de la signification de la crise dans la politique d’après la guerre froide, et le dernier de la résistance des déserteurs et des insoumis américains. Deux autres programmes viennent d’être terminés et d’autres projections de l’ensemble de la série seront organisées à Paris.

Ces programmes portent dans un style impertinent et vivifiant une information complètement bannie des principaux médias. Ils reflètent surtout trois aspects importants : le fait qu’il existe un courant d’opposition aux États-Unis, qu’il y ait une conception du film « militant » aujourd’hui et que certains se soient mobilisées pour créer un réseau permettant l’échange et la mise en commun d’images provenant de l’ensemble du pays.

Serait-il possible qu’une telle structure puisse naître en Europe…?


Publiée dans Documentaires n°2 (page 11, Mars-avril 1991)