Les territoires de l’âme
Gabriel Matteï
S’il existe au fondement de la politique un partage du sensible, comme dit Jacques Rancière, une esthétique qui préside à la visibilité des êtres et à leur avoir-part au commun, le cinéma documentaire de Pierre-Yves Vandeweerd se situe résolument du côté des disparus et des oubliés de ce monde. Pour la plupart tournés en pellicule Super 8 et 16 mm, et exploitant les possibilités infinies d’un son asynchrone, ses films sont en quête de lueurs évanescentes, d’ombres et de frémissements, ceux qui traversent les territoires perdus de l’humanité. Ils offrent à leurs populations opprimées et rendues invisibles par l’histoire une esthétique qui leur confère une force poétique et politique de survivance.
Paru dans La Revue Documentaires n°32 – Un monde sonore