Jacopo Rasmi est programmateur et chercheur, maître de conférences en arts visuels et études italiennes à l’Université Jean-Monnet (Saint-Étienne). Il a publié récemment Le hors-champ est dedans ! Frammartino, écologie, cinéma, Villeneuve-d’Asq (Presses universitaires du Septentrion, 2021) et Générations collapsonautes (Seuil, 2020), co-écrit avec Yves Citton. Membre de la revue Multitudes.
Tënk : rêve (numérique) d’un festival permanent
Jacopo Rasmi
Pour ce numéro qui traite de la place du cinéma documentaire « au milieu des nouveaux media », nous avons commencé à nous intéresser aux questions de création, tant du point de vue des outils que du point de vue des matériaux. Mais il semblait également important de considérer les aspects qui concernent les nouvelles infrastructures de distribution, notamment celles qui soutiennent le documentaire.
Paru dans La Revue Documentaires n°30 – Au milieu des nouveaux media
Survivances documentaires
Jacopo Rasmi
Paru dans La Revue Documentaires n°28 – Disparition(s)
Portraits à distance
Grégoire Beil, Jacopo Rasmi
Le premier long-métrage de Grégoire Beil, Roman national, est constitué de vidéos récupérées sur la plate-forme de partage Periscope. À l’occasion de ce numéro, le cinéaste nous livre quelques réflexions sur les flux d’images qui nous entourent. Ce texte est prolongé et questionné par un entretien avec Jacopo Rasmi
Paru dans La Revue Documentaires n°30 – Au milieu des nouveaux media
Plus belle la vie, un bien commun
Jacopo Rasmi
Depuis l’automne 2023, la mégalomanie joyeuse d’un groupe d’habitant·es de Saint-Étienne s’est plongée dans le projet d’un remake démesuré – plus de quatre mille épisodes prévus – du célèbre feuilleton Plus belle la vie. Les médias locaux et nationaux ont vite été attirés par l’odeur du scoop, pressés d’interroger les protagonistes avant même que les tournages n’aient commencé : le buzz s’est vite dégonflé et la presse est passée à d’autres nouveautés. C’est donc à La Revue Documentaires de prendre le relais.
Paru dans La Revue Documentaires n°34 – Terrains
Nomadologie de Gianfranco Rosi
Jacopo Rasmi
La puissance de l’appareil cinématographique (mais aussi photographique) a été souvent inscrite dans un espace opérationnel qui est de l’ordre du temporel. Sa matière de travail primaire, au fond, ne serait que le temps lui-même : à travers le dispositif cinématographique, cette espèce de mnémotechnique, notre expérience naturelle du temps serait ainsi redéfinie, déconstruite et réagencée. C’est là que le choc cinématographique, épouvantable et délicieux, demeure. Que peut le cinématographe ? Ce dispositif peut – tout court – car il peut arrêter le temps (par l’enregistrement), en morceler le flux en unités discrètes pour ensuite les répéter dans une nouvelle composition.
Paru dans La Revue Documentaires n°28 – Disparition(s)
Des résonances sans territoire certain
Jacopo Rasmi
Des chants oubliés hantent Pourquoi la mer rit-elle ? d’Aude Fourel (2019) : ceux de la guerre d’indépendance algérienne. Pour se mettre à leur écoute, la cinéaste se met en route la caméra à la main : partie de Saint-Étienne, elle n’y reviendra qu’après être passée par l’Italie, la Tunisie et l’Algérie. Ce qui fait surface à travers cette collecte de chants de lutte, ce ne sont pas des visages, mais plutôt la mémoire collective et anonyme d’une époque de combats, refoulée. Le film voyage dans deux dimensions : à travers l’espace par ses images, à travers le temps par ses voix. Au retour en France, le montage et le mixage du son sont confiés à Thomas Fourel, frère de la cinéaste, dans les studios d’Actarus, espace de réalisation sonore indépendant. Au sein de cet environnement, l’ingénieur du son dispose du temps et des outils pour accompagner les recherches de cinéastes au parcours singulier comme Camille Lotteau, Marie Voignier…
Paru dans La Revue Documentaires n°32 – Un monde sonore
Dans les nuages
Alice Lenay, Jacopo Rasmi
En 2019, rien ne semble se passer en dehors du nuage. Quelque part dans le brouillard vaporeux, au cœur de la fourmilière frénétique, du cinéma documentaire se fabrique. Enfantés par le mariage du cloud et du web (autant dire du nuage et de la toile), les films documentaires prennent des formes inédites, métisses, recousues, et un peu monstrueuses. Parfois peu reconnaissables – déguisés sous des couches de vidéos YouTube low-tech, maquillés par des filtres à selfie – des films « documentaires » s’acharnent à interroger les remous turbulents qui mêlent images et réalité(s).
Paru dans La Revue Documentaires n°30 – Au milieu des nouveaux media
Contre-fictions documentaires et manières d’être
Jacopo Rasmi
Consacré à un phénomène capital de la vie politique contemporaine, le cinéma « migratoire » constitue aujourd’hui un des créneaux les plus productifs de la création documentaire. L’urgence de ces films correspond à celle de l’élaboration d’un « récit documentaire » contre les processus de « fictionnalisation » dont font actuellement l’objet les vivants impliqués dans les « migrations ».
Paru dans La Revue Documentaires n°29 – Le film comme forme de vie ?
Contre qui conspirent nos salons ?
Pascaline Morincôme, Jacopo Rasmi
Dans une scène mémorable du dernier film de Marco Ferreri, Nitrato d’argento (1996), un improbable groupe de cinéphiles, entre un film de Rossellini projeté sur grand écran et un plat de spaghettis, s’enflamme en questionnant d’un ton révolutionnaire la machine cinématographique et son respect. Il faut faire sauter les cadres établis : que le cinéma déborde, descende dans les rues, se métamorphose, bouscule la routine des gens… Et voilà que le visage en gros plan d’Ingrid Bergman glisse sur les murs de la ville et éclaire la terrasse d’une pizzeria où des clients surpris sont en train de dîner… Où se passe le cinéma ? Comment inventer d’autres situations ?
Paru dans La Revue Documentaires n°33 – Programmer