Cinéaste, membre des laboratoires cinématographiques d’artistes L’Abominable et MTK. Elle termine son film La Citadelle des clowns et anime de nombreux ateliers d’éducation à l’image.
Un poème documentaire
Lucie Leszez
Le titre du film, Brûle la mer, place le travail des cinéastes sous le signe d’un geste fou, impossible : brûler la mer, les frontières, mettre sa vie en jeu au nom d’un irrésistible élan, d’un désir de mouvement. Celui des jeunes Tunisiens après la révolution. Il est accompagné dans le dossier de demande de financement de la SCAM, rédigé par Nathalie Nambot et Maki Berchache en 2012, du sous-titre « poème documentaire ». Les cinéastes semblent exprimer, par là, la nécessité d’inventer une forme qui soit elle-même entre plusieurs formes, entre plusieurs modes d’écriture, pour raconter et rendre sensible un tel désir de liberté.
Paru dans La Revue Documentaires n°29 – Le film comme forme de vie ?
Passages
Lucie Leszez, Monique Peyrière
Terrains, numéro annuel de La Revue Documentaires, s’attache à présenter des situations concrètes dans lesquelles un film documente un « terrain de vie » en créant les conditions d’une expérience collective entre plusieurs entités auparavant disparates : des personnes, des environnements et des techniques. En cela ce recueil d’articles s’inscrit en relais d’un numéro plus ancien qui s’attachait aux pratiques de fabrication d’un film fait « avec » les gens, ouvertes aux potentialités d’une « forme de vie ? ». Terrains reprend ainsi l’idée de déplier des œuvres en train de se faire, en s’intéressant désormais aux pratiques filmiques qui s’ancrent dans un « milieu » dont elles vont explorer les contraintes. Pratiques localisées qui voisinent avec ce qui leur est étranger, voire hostile, pour donner forme et sens à une expérience, nécessairement singulière, de ce qui fait « terrestre ».
Paru dans La Revue Documentaires n°34 – Terrains
Gestes d’écriture
Lucie Leszez
Les auteurs de ce numéro « Films, textes, textures » de La Revue Documentaires s’intéressent, pour la plupart d’entre eux, à des films dont la fabrication s’est faite au ralenti, à rebours des vitesses de plus en plus folles qu’impose la société capitaliste, dans des lieux alternatifs, laboratoires de cinéma indépendants ou ateliers partagés, qui proposent à leurs cinéastes adhérents la mise en commun d’outils et de machines indispensables à la réalisation, en toute autonomie, de films en 16 mm, 35 mm, ou super 8 – sur support pellicule. Cette matière spécifique qu’est la pellicule argentique dicte sa temporalité à ceux qui la travaillent, exige d’eux un certain savoir-faire et des gestes techniques précis, une attention à ses métamorphoses photochimiques ; elle les incite ainsi, subrepticement, à prendre le temps de voir, d’écouter, de lire, d’écrire, le temps qualitatif du faire.
Paru dans La Revue Documentaires n°31 – Films, textes, textures
Entretien avec Guillaume Mazloum
Lucie Leszez
Guillaume Mazloum a réalisé Un grand bruit en 2017. Le film débute par le gros plan d’un livre que tiennent ouvert des mains dont la texture – plis, rides, couleurs – rencontre celle du papier et des caractères qui y sont inscrits. Au silence des premières secondes du plan succède une voix, celle de la personne filmée, qui lit un fragment de poème : « Maintenant que je pourrais me souvenir de la beauté, un vaste chantier s’est emparé de tout ce que le souvenir me réservait pour des jours de vertige ».
Paru dans La Revue Documentaires n°31 – Films, textes, textures
Aux confins du sonore
Lucie Leszez
The Sound Drifts de Stefano Canapa débute par une image du silence, trente lignes blanches verticales emplissant l’écran noir. Des bruits se font entendre et simultanément les lignes s’animent, elles pulsent au rythme des sons, produisant autant de motifs visuels s’enchaînant à vive allure. L’image est synchrone avec le son. Le cinéaste reprend ici la bande sonore de Jérôme Noetinger, son précédent film, également réalisé en 35 mm. Il fait dériver la piste son hors de l’espace qui lui est consacré sur la pellicule pour la rendre visible à l’image. Sur une pellicule 35 mm, le son du film est inscrit sur une bande fine, invisible à l’écran, située sur le bord de la pellicule, entre les photogrammes et les perforations. C’est cette partie du ruban argentique qu’on appelle la piste optique.
Paru dans La Revue Documentaires n°32 – Un monde sonore